La citoyenneté
Sur cette page, nous définissons les termes « consciences » et « citoyennes », les deux mots-clés de notre réseau. En définissant ces deux notions, nous avons l’intention de donner une idée plus claire du type de citoyenneté que nous visons.
Pour comprendre le sens que ces deux termes prennent dans le cadre de notre projet politique, il faut les mettre ensemble, les combiner. Cette combinaison, nous l’avons nommée le Civilisme. Ainsi, chaque fois que nous faisons mention de société citoyenne dans nos textes ou dans nos interventions orales, nous faisons référence à ce néologisme. Très brièvement, le Civilisme est le nom d’une organisation sociale qui fonctionne comme une grande coopérative citoyenne. Au sein de cette coopérative, chaque citoyen est co-responsable et co-propriétaire des biens communs. Ce double statut qu’on attribue aux citoyens s’exprime à travers deux valeurs cardinales :
L’ÉDUCATION CITOYENNE & LA COOPÉRATION SOCIALE
Pour illustrer cette coopération, nous nous associons à ce qu’Éric Hazan écrit :
Distribuer entre tous les tâches nécessaires, mais peu gratifiantes ne peut pas se réussir de façon autoritaire – ce que la révolution culturelle chinoise avait tenté en ce sens ressemblait plutôt à des camps de rééducation pour intellectuels, qui n’ont pas laissé de bons souvenirs. Faire accepter une juste répartition est une affaire d’échelle. Si j’ai choisi de continuer mon métier de dermatologue ou de libraire, et si dans ma rue ou celle d’à côté on a besoin d’un facteur, d’un balayeur […], j’apprendrai l’un ou l’autre de ces nouveaux métiers et j’y consacrerai volontiers deux ou trois après-midis chaque semaine. Volontiers, car dans mon quartier, dans ma commune, chacun acceptera librement l’une de ces tâches essentielles parce que son sens s’imposera à tous. Les voisins deviendront des collègues et certains d’entre eux des amis. L’équipage d’un camion-poubelle peut être un petit groupe joyeux et soudé s’il est constitué de volontaires qui feront peut-être autre chose le mois suivant.
À l’inverse, aujourd’hui, notre système fonctionne sur la base d’un individualisme économique qui place chacun de nous dans une posture de concurrent. L’un des pères de cette théorie devenue réalité, c’est Adam Smith. Pour lui comme pour les théoriciens du libéralisme économique, la prospérité et la richesse sont le fruit de l’égoïsme. Cet égoïsme prend, chez eux, l’aspect de quelque chose de positif et de rationnel. C’est le fameux « homo oeconomicus », l’homme économiquement rationnel. La « main invisible » étant l’image que Smith donne à cette rationalité, à cette idée que l’égoïsme des uns est favorable aux autres parce qu’en cherchant à être meilleur que l’autre, l’on sert finalement celui-ci. Sur ce, nous ferions preuve de mauvaise foi si nous nous limitions à condamner ce système. D’ailleurs, il faut le dire, c’est bien grâce à lui que l’humanité s’est « développée » aussi vite et aussi fort ces trois derniers siècles. En effet, il faut bien le reconnaitre, toutes les inventions et les progrès technologiques du monde moderne sont le fruit de l’organisation rationnelle du travail et d’un certain renversement des valeurs. Les sentiments religieux ont progressivement laissé leur place à un relativisme productiviste.
Plusieurs définitions du capitalisme existent mais, de notre côté, lorsque nous faisons référence à cette notion, on vise spécifiquement l’individualisme économique qu’on vient très brièvement de caractériser. Au niveau collectif, il s’agit d’un système organisé autour de la propriété privée des moyens de production. L’idéologie qui y règne est celle de la maximisation des profits et du marché libre. Dans un tel système, il n’y a pas d’organisation collective et concertée, chaque être humain est laissé à lui-même. Alors certes, ses défenseurs mettront en avant les prestations et services sociaux. Mais nul n’est dupe : à la fin, la règle reste bien celle du chacun pour soi. Cette règle prend la forme d’un impératif qui contraint les êtres humains à être individualistes. Ce faisant, ils développent un type de rapport à soi et aux autres que nous caractérisons de narcissique.
Très brièvement, nous dirons du narcissisme qu’il est un trouble de la relation à l’autre. Le moi se trouve comme déconnecté du monde qui l’entoure. Au sein du capitalisme, ce type de rapport à soi et à l’autre est institutionnalisé. Cette institutionnalisation est l’effet du paradigme économique : on fait des études pour soi, on reçoit un salaire pour soi, on travaille pour soi, on s’occupe de soi. Dans ces conditions, il est bien évident que les termes « société » ou « citoyenneté » ne vont pas de pair avec l’organisation sociale telle qu’elle s’exprime dans le capitalisme. En effet, on est bien plus proche de l’anarchisme au sens négatif du terme que de la société civile. L’éthique, la morale sont instrumentalisées par la rationalité économique et ne sont, trop souvent, que des façades. En effet, comment peut-on prétendre que l’être humain fasse preuve d’altruisme ou de sens éthique si, à la fin, ce qui le valorise socialement c’est tout ce qui va dans le sens inverse ?
Par opposition à ce qui vient d’être dit au sujet de l’individualisme économique, il est facile de deviner ce qu’il y a, en principe, derrière les termes de citoyenneté ou de société. Le citoyen est un individu qui œuvre activement et consciemment à l’organisation sociale. Dans une société citoyenne, chaque citoyen a en conscience l’organisation et coopère conséquemment. Le lien entre individualité et collectivité est fort et fait écho à une éducation citoyenne et à une organisation sociale basée sur la coopération.
A cela nous pouvons ajouter que par « citoyenneté » ou « citoyen », nous ne nous référons pas à un nationalisme spécifique. Bien plutôt, ces termes font référence aux habitants du monde indépendamment du genre, des appartenances nationales, religieuses ou ethniques, etc. Le citoyen possède ses attaches dans une région, un pays et un continent. À l’échelle mondiale, ces appartenances géographiques fonctionnent comme des communautés fédérées. À la base de ces communautés, il y a cette idée forte que l’individu ne nait pas citoyen, mais qu’il le devient grâce à l’éducation que lui procure la société dans laquelle il vit. La citoyenneté que le réseau vise à mettre en avant est une citoyenneté active, consciencieuse et co-responsable. De manières collective, concertée et intégrale, cette citoyenneté œuvre à un projet commun de société.
A propos du narcissisme
Le réseau consciences-citoYennes pose comme postulat de départ que le modèle socioéconomique génère un type de personnalité narcissique. Ce postulat peut se retrouver chez des auteurs tels que, par exemple, David Riesman (1969), Richard Sennett (1977), Christopher Lasch (1979). En posant ce postulat, nous ne sommes pas en train de soutenir que nous sommes tous narcissiques.
A propos de spiritualité
Cette page est dédiée à la « spiritualité. La spiritualité est un élément de première importance dans notre compréhension du bonheur et de nos quatre piliers. Par « spiritualité », nous entendons toute croyance qui attribue à l’existence un sens et une valeur. La spiritualité, ici, fait référence à une mission que nous souhaiterions partager avec tous les humains.