Voeux 2018

Il était là, devant ma porte, attendant que je lui ouvre.

Lorsque je l’eu ouverte, l’homme de ménage me demanda gentiment :

« Good morning Sir, may I clean your room ? »

(Bonjour Monsieur, est-ce que je peux nettoyer votre chambre ?)

Vous me direz que dans un hôtel c’est une situation banale ! Pourtant, je ne sais pas, ce matin, cette demande sonnait

extrêmement fausse. En effet, qu’avais-je fait pour mériter qu’un homme plus âgé que moi vienne me demander l’autorisation

de nettoyer ma chambre ? Un sentiment étrange, comme une sorte de malaise me traversa. En effet, dans quelle société

retrouverions-nous ce type de relation ? J’ai eu beau retourner le problème dans tous les sens ; le seul mot qui me revenait

sans cesse à l’esprit était : ESCLAVAGISME. 

Plus modérément, les conservateurs et les défenseurs du système préféreront, sans doute, le mot plus neutre d’« échange »

(je travaille, tu travailles, il travaille). Mais alors si on est d’accord avec ce qui me parait clairement être un euphémisme,

il conviendrait d’interroger l’égalité des chances, la reproduction sociale à travers le système scolaire et ses critères d’évaluation.

Par exemple, le fait que certaines personnes n’ont simplement pas le choix et qu’ils doivent travailler au plus vite pour répondre

aux nécessités d’un contexte familial précaire. Ensuite, c’est bien la hiérarchisation effectuée par le système scolaire et son système

de valeur qu’il faudrait interroger ; car ne nous méprenons pas, à l’école puis ensuite à l’université ou sur le marché du travail,

il ne s’agit que d’adaptation, d’alignement.

Toute la question est alors de savoir si nous avons validé, démocratiquement, ce système de valeur qui, de toute évidence,

valorise l’égoïsme du carriérisme sur lequel nous devons tous nous aligner ? Sinon, acceptons-nous de voir dans la démocratie

actuelle qu’un subterfuge, afin que les plus riches continuent à être servis pendant que les plus pauvres, c’est-à-dire nous,

la majorité, continuent à servir tout en croyant (et voilà toute l’ironie de l’histoire) être servis ?  

Dubaï, le 31 décembre 2017

Luca B

Voeux 2017

Puis… comme un tonnerre sur terre, il y eut : 

Taratata taratata………….. Trump !

Aussitôt, se sentant désigné, ce dernier se leva et répondit : 

« But you are the loosers and I am the winner ! »
(Mais vous êtes les perdants et je suis le vainqueur !)

Là, nous le dévisageâmes pour ensuite reprendre la partie commencée il y a des siècles. 

Au Monopoly : ceux qui gagnent sont ceux qui possèdent des parcelles et qui taxent un droit de passage toujours plus haut au fur des tours et des hôtels qu’ils construisent. 

Alors, en 2017, une des questions à laquelle il faudrait répondre est celle de savoir si cela vaut toujours la peine d’essayer de changer notre pion, le confort de notre chaise ou les dés, sans toucher au jeu lui-même ? Car, c’est sûr, l’enjeu principal des Winners, c’est qu’on continue à jouer à leur jeu. 

La Conversion, le 31 décembre 2016

Luca B.

Souhait pour 2016

En 2015, la question « terroriste » a volé le devant de la scène à un problème beaucoup plus dérangeant… celui de la migration. Or, selon moi, ces deux thèmes sont connectés, dans le sens où l’appellation « terrorisme » a eu pour rôle, dernièrement, d’effacer notre culpabilité historique vis-à-vis des sociétés non-alignées et des communautés sans État. Une culpabilité qui – si on la mettait officiellement en lumière –  nécessiterait des excuses publiques de nos gouvernements, mais surtout une remise en question de nos fondements économiques.  

Bref, je ne vous l’apprends pas : l’histoire est écrite par les vainqueurs. Cependant, pour avoir une consistance collective, l’histoire exige – comme toute chose – des gens qui lui donnent de l’intérêt. C’est justement sur ce point où, en 2016, nous pouvons véritablement jouer un rôle. 
Rejetons leur histoire et écrivons enfin la nôtre ! 


La Conversion, le 31 décembre 2015
Luca